‘sclavagisme
Voila 4 mois que je suis chef de moi-même. J’apprends à me gérer moi, mes gros budgets, mes contretemps et en plus de tout ça ma ‘sclave. Une petite jeune fraichement sortie de l’école (on a un an de différence) que je dois initier à la dure réalité du monde du travail, lui faire aimer son job et l’habituer à me ramener mon café tous les matins.
Je n’en suis pas très sure mais je pense que je m’en sors très bien.
J’ai instauré quelques règles très strictes :
J’ai fait installer un tableau dans le bureau et tous les matins chacune doit y noter son humeur du jour. Quand l’une écrit ‘mal réveillée’ –moi- l’autre sait qu’il faut éviter de trop parler.
Les choix musicaux doivent traduire l’ambiance du bureau. Plutôt Offspring pour la compta, la BO de Ally Mc Beal pour les stratégies de campagne et Dust in the wind en boucle quand l’une des deux n’a pas le moral.
Nous avons même l’hymne du bureau. Chacune a ce morceau dans son PC et pendant les rushs, faut pas s’étonner d’entendre démarrer ‘Il va y avoir du sport, mais moi j’reste tranquille…’ remasterisé en ‘Il va y avoir des morts’ juste avant les réunions ‘difficiles’.
On s’est offert des mugs aux couleurs de nos marques et il y a des vaches, des chats et des moutons un peu partout dans le bureau.
Je pense que j’ai encore quelques efforts à faire pour asseoir mon autorité parce que quand je lui dis ‘tu vas la fermer ta grande gueule s’il te plait’ (parce que je suis polie) elle me balance sa gomme à la figure.
La semaine dernière par contre j’ai vécu l’une des situations les plus stressantes de ma vie. Déjà en temps normal, faire des présentations devant un large public a tendance à me rendre folle (même devant 2 personnes d’ailleurs) : je n’en dors pas pendant 2 jours, je ne mange plus, je fais pipi toutes les 5 minutes, je fume mon quota hebdomadaire en deux heures… Le pire c’est qu’il parait que je m’en tire pas mal et ma grande chef apprécie tellement que dès qu’il y a des conférences de presse ou quelque chose dans le genre c’est à moi qu’elle le colle.
La semaine dernière donc j’ai expérimenté pire : partager une prez’ avec ma sclave devant directeurs et force de vente. La pression était insoutenable, ce sont les prez’ les plus délicates parce qu’il faut vendre un nouveau produit à des killers de la vente. Quand on est seul, si on se vautre, on ne le doit qu’à soi même, là le moindre dérapage est à partager à deux voire retombe sur moi parce que c’est moi la responsable.
Si vous l’aviez vu en train de fixer le DG dans les yeux en lui expliquant la différence entre la peau d’orange et la cellulite… J’étais franchement fière de nous. Je crois qu’on forme une sacrée équipe.